Mercredi 13 janvier 2021, 08h02 UTC

Des objets non identifiés viennent de traverser l’atmosphère terrestre et de s’écraser au 4 coins du monde. D’après les calculs de l’ESA et de la NASA, ces objets viendraient d’au-delà des frontières du système solaire et n’ont pu être associés à des phénomènes naturels. Les autorités ont décidé de bloquer l’ensemble des communications pour 36h. Mission est confiée aux équipes du Groupe d’Intervention en Milieu à Risque Technologique (GITECH) de faire la lumière sur ce qu’il se passe.

Non, ceci n’est pas le début du scénario d’un film de Spielberg, mais bien celui d’un enseignement par la fiction proposé à des étudiants de 3ème année de double licence math/physique par Julien Bobroff et Frédéric Bouquet, de l’équipe de La Physique Autrement !

Pendant 48h, les étudiants se sont mis dans la peau d’agents du prestigieux GITECH et ont dû s’improviser tour à tour enquêteurs, designers d’expériences de physique, et experts en vulgarisation scientifique. Le tout… à distance! En effet, cet enseignement s’est déroulé entièrement sur les plateformes Zoom et Discord. Un obstacle technique qui n’a pas empêché les étudiants de mener à bien leur mission : par équipe de 5, ils ont tous réussi à élucider le mystère de ces objets venus de l’espace. Le planning était pourtant chargé, puisqu’en 48h à peine, ils ont dû interroger des personnages non joueurs pas toujours coopératifs, mettre en commun et trier les informations recueillies, décrypter des messages codés, élaborer des expériences de physique avec des moyens très limités, les expliquer à des personnages non-joueurs sans aucune connaissance scientifique, et enfin produire une vidéo de vulgarisation contenant un message codé… Bref, ils n’ont pas chômé!
Les enjeux pédagogiques sont multiples. D’abord proposer à ses étudiants de mener des études scientifiques plus ouvertes et créatives que lors de leurs habituels travaux pratiques, et d’insister sur la démarche expérimentale en leur demandant notamment de construire eux-mêmes leur dispositif expérimental. Ils se sont ainsi rendu compte qu’il était possible de faire des mesures précises chez eux en autonomie grâce aux différents capteurs incorporés dans leur smartphone. Les étudiants ont également appris à travailler en équipe en mode projet, avec des contraintes fortes, parfois à cinq, parfois même à vingt-cinq ! Apprendre à écouter les autres, à faire des compromis, à prendre des décisions, toutes ces compétences transversales qui leur seront utiles dans leur futur métier. Un dernier objectif enfin : montrer aux étudiants qu’il est possible de prendre du plaisir à faire de la physique !

Le Centre d’Expérimentation Pédagogique de l’institut s’est transformé pour l’occasion en coulisses et décors de film de science-fiction : quartier général du GITECH, yacht de luxe amarré dans les îles Pacifiques, cabanon perdu au fin fond de du Canada, monastère au Tibet, refuge de montagne au Chili… Rien n’est impossible avec l’aide des fonds virtuels Zoom et de quelques accessoires ! L’équipe du CEP a su habilement jongler entre différents personnages d’horizons divers, et se découvrir au passage des talents cachés pour l’imitation de l’accent québécois, le changement de costumes en un temps record, ou encore les contre-interrogatoires

L’impact de cet enseignement sur l’engagement des étudiants fait l’objet d’une étude dans le cadre de la Chaire de recherche – action sur l’innovation pédagogique portée par Martin Riopel de l’UQAM, et l’institut

Ce projet a reçu le soutien de l’Idex Paris-Saclay dans le cadre du projet “la physique hors les murs” (appel à projets OSER).